Pour bien gérer le changement  Prospect Gestion 

La vision émergente


sculpture


Les sculpteurs de génie, tels Michel-Ange et Le Bernin, ont toujours soutenu que la statue se trouvait déjà dans le bloc de marbre auquel ils s’attaquaient et qu’ils ne faisaient qu’enlever l’excédent pour la faire apparaître ! Ainsi, contrairement à un technicien de la sculpture qui tente de donner au bloc de marbre une forme quelconque, le véritable artiste « voit » réellement la statue, telle qu’elle se présentera à nos yeux, une fois l’œuvre achevée et met simplement son habileté et son talent à la dégager du marbre qui l’emprisonne. On peut s’inspirer de cette analogie pour parler d’un changement que l’on entreprend au sein d’une équipe ou d’une organisation.

Voir déjà le changement.

En effet, le véritable manager est celui qui voit dans son équipe ce qu’elle sera plus tard, en relation avec le changement qu’il envisage pour elle. Ainsi, se comporte-t-il comme si le changement était en voie d’advenir et facilite ainsi son émergence. Il ne cherche alors non pas tant à effacer les anciens comportements mais à favoriser les nouveaux. Il se positionne lui-même comme si le nouveau visage de l’équipe était déjà présent et qu’il en était le nouveau leader. Cela suppose, comme on l’a dit ailleurs, qu’il se place lui-même en situation d’apprentissage et s’ouvre au changement qu’il s’efforce de faire émerger de son équipe. Tout comme le sculpteur ne peut se permettre d’être distrait par les moyens techniques ou par la voie facile de l’imitation, le manager ne peut ni ne doit se laisser distraire par les modèles et les recettes toutes faites qui pullulent ou tentent de le séduire.

Il se doit d’avoir une vision claire de son projet non pas tant pour l’imposer mais davantage pour se comporter en conséquence afin de servir de modèle à ceux qu’il souhaite voir adhérer à sa vision. Il cherche donc à se positionner comme un guide, voire un phare dont la présence rassure. Il permet aux membres de son équipe ou de son organisation de faire

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l’apprentissage du passage plus ou moins douloureux d’un état connu à un état inconnu tout simplement parce qu’il a dû le faire lui-même. Il sait alors se montrer ferme mais tolérant, ouvert mais constant, exigeant tout en demeurant compréhensif des difficultés rencontrées. Ce qui lui importe n’est pas tant les méandres du parcours pour arriver à bon port mais le fait que son équipe ou son organisation y arrive.

Éviter les écueils.

Si le sculpteur, artiste véritable, a compris qu’il lui faut constamment être alerte et faire le lien entre la vision qu’il a de sa statue et le bloc de marbre avec lequel il doit composer pour la faire émerger, le manager se doit lui aussi de prendre garde à ne pas se laisser détourner de l’image renouvelée qu’il a de son organisation. Il rencontrera beaucoup d’obstacles sur le chemin du changement qui, telles les sirènes, tenteront de le séduire. Ces sirènes emprunteront de nombreux visages. Ceux de la pauvreté des moyens mis à sa disposition d’abord qui lui laissera croire que l’on ne peut régler les problèmes qu’avec de nouvelles ressources plutôt que de repenser l’allocation des ressources actuelles. Ceux des membres de son organisation qui, devant le changement annoncé, verront davantage ce qu’ils ont à y perdre que ce que l’organisation peut y gagner et « résisteront » en conséquence tout en lui suggérant de modérer la cadence, voire ses attentes. Ceux de ses propres doutes devant la difficulté du défi et le sentiment de solitude qui risque de s’emparer de son esprit en se voyant l’unique défenseur d’une vision de l’organisation à venir et qui le conduiront à se reprocher d’avoir vu trop grand, trop loin. Ceux finalement de son entourage qui, tout en lui demandant des résultats rapides, lui feront grief de chercher à trop se démarquer en visant, dans le secteur public en particulier, l’efficacité au détriment de l’efficience et ainsi nuire éventuellement à sa carrière !

Bref, tout comme l’artiste, le manager de vision a besoin de courage pour voir la « statue » là où tous les autres ne voient qu’un bloc de marbre ! La pression sera grande pour qu’il s’en tienne à l’approche traditionnelle de favoriser l’apparence plutôt que le changement, pour qu’il impose le changement demandé sans le faire émerger, et pour qu’il demeure un donneur d’ordres plutôt que de devenir un donneur de sens.

Conclusion

Le changement, comme la sculpture, ne saurait obéir à des recettes. Ils sont d’abord et avant tout le résultat d’une approche où se mêlent art et maîtrise de la technique mais surtout où ces deux éléments trouvent leur inspiration dans une vision de l’œuvre à venir. Tout comme le véritable artiste, sans vision de sa statue, saurait vite détournée de son projet initial par les caractéristiques du bloc de marbre ou les difficultés rencontrées, le manager, sans vision claire de son projet de changement, se verra facilement distrait par les contraintes de toutes sortes. À cette vision claire, s’ajoute le courage de sortir des sentiers battus, de se mettre soi-même en situation d’apprentissage, d’être pendant un temps l’unique porteur du changement ou le seul à voir la « statue » et d’accepter la solitude de ceux qui ouvrent la voie et servent de modèles.

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