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Tirer profit de la turbulence


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Nul ne peut prévoir quand la période de turbulence actuelle prendra fin. Il se peut même que nous soyons entrés dans une ère d’incertitude qui marquera une rupture importante d’avec les années antérieures de par sa durée. Quoiqu’il en soit, il importe que le manager se positionne, non pas comme s’il s’agissait d’un mauvais moment à passer mais qu’il tire profit de la conjoncture actuelle pour mieux saisir toute l’importance de son rôle auprès de ses employés. Pour ce faire, il lui faut se concentrer sur trois axes importants :

Une vision intégrée

Il est étonnant de constater qu’au moment où la turbulence prédomine, bon nombre de managers donnent une priorité constante à l’action, en réaction aux multiples sollicitations de l’environnement qu’elles proviennent de rumeurs, de situations appréhendées ou de faits, plutôt que de se concentrer sur une image de leur organisation ou leur entreprise. Car c’est précisément en temps d’incertitude que cette image, ce projet, cette vision de l’entreprise peut être une véritable bouée de secours permettant de choisir, parmi les possibles scénarios, celui qui s’avérera le plus utile à la survie de l’organisation.

Car c’est justement cette vision, alimentée par le manager mais mise en œuvre par l’ensemble des employés, qui permet à tous de distinguer dans le bruit ambiant les signaux porteurs d’avenir. Si, en période de relative stabilité, cette vision apparaît moins essentielle puisque l’organisation surfe sur son succès, en période de turbulence, elle devient un élément incontournable de la durabilité de l’entreprise. C’est elle qui permet de garder le cap, de rappeler les priorités et de foncer malgré les embûches et le brouillard de l’incertitude. C’est le rappel et le renforcement de cette même vision qui facilite les choix, si draconiens soient-ils, en favorisant, chez le plus grand nombre, la compréhension des enjeux et des décisions en découlant.

Sans cette vision intégrée, l’entreprise est comme un bateau à la dérive dans lequel chacun tente, tant bien que mal, de tirer le meilleur parti pour lui-même en se désintéressant de la survie de l’ensemble. Bref, on cherche les bouées de secours plutôt qu’à sauver le navire, surtout si l’on surprend le capitaine à mettre à l’eau l’embarcation qu’il s’était réservée !

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La connaissance de soi

Aussi surprenant que cela puisse paraître à certains, manager est d’abord et avant tout un acte relationnel plutôt qu’un acte rationnel. En effet, tout comme le professeur qui utilise sa matière pour entrer en contact avec ses étudiants et ainsi allumer chez eux la flamme du savoir, le manager utilise le travail comme prétexte pour amener des individus à mettre leur intérêt individuel au service d’un intérêt collectif. Or comment provoquer un tel cheminement chez les individus, et s’assurer de sa constance, si la relation est inexistante ? Et comment mettre l’accent sur la relation si celui qui en est l’initiateur ne connaît pas le principal outil pour ce faire, à savoir lui-même ?

Il est bien connu que c’est principalement en période de turbulence que la confiance que nous inspire un individu devient le principal moteur de notre relation avec lui. Or, pour inspirer la confiance, il faut bien se connaître pour être plus à même de bien connaître les autres et savoir ce qui les inspire. Sans cette connaissance de soi, le manager n’est qu’un gérant qui commande plutôt qu’un leader qui suscite l’adhésion à son projet. C’est aussi en période de bouleversement que l’on peut davantage en apprendre sur soi et sur nos réactions. Le manager ne fait pas exception ! S’il sait observer, il poursuivra la découverte de lui-même à la lumière de ses réactions à un environnement turbulent et saura tirer profit de ce qu’il en tirera. .Les moments difficiles sont souvent les plus révélateurs de ce que nous sommes.

Le manager se doit d’être un meneur d’hommes avant d’être un donneur d’ordres. L’oublier l’obligera à mettre en œuvre beaucoup de contrôle pour s’assurer que ces « ordres » seront suivis. Prôner cette approche le conduira à mettre constamment à jour la connaissance qu’il a de lui-même afin de mieux saisir les réactions humaines en période d’adversité et savoir ainsi en tirer profit pour son entreprise.

Apprivoiser son insécurité

Une des réalités importantes que le manager découvrira s’il poursuit sa quête de lui-même en période de turbulence sera l’impact de l’incertitude sur sa propre insécurité intérieure. Or s’il cherche à apprivoiser cette insécurité plutôt qu’à l’étouffer, comme bon nombre de ses semblables, il prendra connaissance de la source d’énergie potentielle que recèle la maîtrise de cette insécurité. En période de relative stabilité, l’insécurité du manager est amplement compensée par le maintien routinier des règles et procédures et le temps imparti pour réaliser les différentes tâches au sein de l’organisation.

Mais, en temps de turbulence, au moment où le temps presse et les évènements se bousculent et nécessitent des décisions rapides, l’insécurité du manager refait surface et peut faire du management un exercice hautement instable, augmentant ainsi le chaos dans lequel se trouve déjà plongée l’entreprise. Sans trop s’en rendre compte, le manager contribue à la difficulté qu’éprouve l’organisation à passer au travers de la turbulence.

Cette apprivoisement de son insécurité passe certes par une meilleure connaissance de soi mais surtout par la distance affective que prend le manager d’avec son travail, par la distinction très nette qu’il sait établir entre l’incertitude extérieure et ce qu’elle provoque chez les individus en général et chez lui en particulier, et par le maintien de rapports significatifs avec ceux et celles qui font partie de son tissu affectif profond. L’absence d’effort à ce niveau le rendrait plus vulnérable aux vicissitudes des bouleversements actuels et ainsi moins apte à conduire son entreprise en des chemins moins accidentés.

En conclusion

La période de turbulence actuelle peut être riche d’enseignements pour le manager soucieux d’améliorer son efficacité. Elle peut lui rappeler le caractère essentiel d’une vision de son entreprise au moment où des choix difficiles s’imposent et qui permettent à celle-ci de se démarquer. Elle peut également devenir un excellent laboratoire pour raffiner la connaissance qu’il a de lui-même et, partant, sa connaissance des individus qu’il est appelé à conduire en cette période. Elle peut finalement lui fournir l’occasion propice de faire cette importante distinction entre l’incertitude et l’insécurité lui facilitant son propre détachement de même que celui de son entreprise, de la peur ambiante.

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