Pour bien gérer le changement  Prospect Gestion 

Un changement politiquement correct !


arbres près du lac


La conduite du changement repose en bonne partie sur la conception même qu'a le manager de l'utilité dudit changement. Aussi, selon qu'il est davantage éperonné par le pouvoir plutôt qu'alimenté par la puissance, son rapport avec la mise en œuvre du changement prendra une teinte particulière. Sous l'angle du pouvoir, l'intérêt du changement sera évalué en fonction de ce qu'il peut rapporter à son détenteur alors que sous l'angle de la puissance, l'intérêt du changement sera mesuré en fonction de son impact sur la mise en œuvre d'une vision. C'est pourquoi, le manager orienté pouvoir trouvera plus d'appui auprès du politique que le manager orienté puissance pour générer un changement qui ne soit qu'apparent.

Pouvoir et politique

Le pouvoir et la politique sont deux versants d'une même médaille ! Si l'on définit le pouvoir comme étant " la possibilité d'agir sur quelqu'un ou quelque chose " (Le Petit Robert) et la politique comme étant " la volonté de conquête et de conservation du pouvoir " (Valéry), on comprend que dans le premier cas le pouvoir représente une possibilité que l'on peut exercer ou non alors que dans le second, il s'agit davantage d'une disposition de l'esprit qui trouve satisfaction en elle-même ! Pouvoir et politique ont donc tendance à interagir ensemble en s'alimentant mutuellement. Le manager de puissance doit donc impérativement éviter de se retrouver au cœur de cette interaction au risque de se faire écraser. Combien de managers, sincèrement préoccupés par l'actualisation d'un changement de niveau deux, se sont retrouvés " étouffés " par les mâchoires de cet étau sans l'avoir vu venir ?

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L'ambiguïté du code politique

Combien de managers, orientés puissance, n'ont pas saisi que pour un homme ou une femme politique comme pour un homme ou une femme de pouvoir, les moyens et la possibilité d'agir sont plus importants que les résultats ou la finalité ? De ce point de vue, les résultats n'ont de valeur que dans la mesure où ils deviennent des moyens de prolonger l'état actuel !

Il faut donc comprendre que le changement représente, aux yeux du pouvoir et de la politique, une incertitude à minimiser s'il touche les moyens et une idée à récupérer s'il touche la finalité. Ceci peut nous aider à comprendre la prépondérance, dans le secteur public en particulier, des énoncés de changement de type deux mais un mise en œuvre desdits changements qui modifie le moins possible l'ordre des moyens, ce qui les transforme en changement de type un. Pouvoir et politique s'abreuvent aux mêmes symboliques : le temps et l'image. Dans cet univers, le temps est une donnée qui concourt à asseoir les moyens de prolonger l'état actuel. La pertinence du changement est donc analysée sous cet angle. De même, l'image du changement donc son apparence va donc importer davantage que le changement lui-même. Les moyens seront mis à la disposition de l'image plutôt qu'à celle du changement. Conséquemment la mise en scène revêt une plus grande importance afin de faire paraître simple ce qui est complexe tout en se réservant le soin de faire valoir la complexité si la simplicité devenait trop convaincante !

Pour le politique donc, le changement serait accepté dans la mesure où le " politicien " et la " personne de pouvoir " pourraient y être identifiés (en retirer les éventuels bénéfices) sans se voir obligés de devoir le réaliser selon un processus déterminé et consécutif. Car ce n'est pas parce que les gens de pouvoir acceptent le changement proposé qu'ils en acceptent les conséquences surtout si celles-ci risquent d'avoir un impact négatif sur la poursuite de l'état actuel. L'approche clientèle revêt en ce sens un danger important pour les managers de pouvoir car elle modifie sensiblement l'angle sous lequel le changement est analysé et mis en œuvre. Il ne faut pas oublier que tant pour le pouvoir que pour le politique, l'incertitude doit être réduite le plus possible tout en maintenant un niveau élevé d'incohérence afin de pouvoir tirer profit de tous les scénarios possibles. Dans ces conditions, la conduite cohérente et intégrée d'un changement de type deux représente pour ces derniers une contrainte majeure dans la poursuite de leurs objectifs même s'ils s'efforcent de n'en laisser rien paraître !

Quelques leçons à retenir.

Le manager orienté puissance devra donc être fortement sensibilisé à cette situation s'il souhaite mener à bien le changement. Il lui faut donc apprendre à décoder le langage du politique et du pouvoir. Il lui faut comprendre :

  1. · qu'en regard du changement, le politique a un seuil de tolérance à l'insécurité plus bas que le manager mais un seuil de tolérance à l'ambiguïté plus élevé;

  2. · qu'en période de changement, l'incertitude est pour le pouvoir un irritant à éliminer et pour le politique une inconnue dont les effets sont imprévisibles;

  3. · que le politique hésite fortement à s'enfermer dans une vision intégrante s'il n'en maîtrise pas toutes les conséquences et qu'il préfère les visions parcellaires.

Conséquemment, la mise en œuvre d'un changement de type deux représente un défi de taille non seulement en ce qui concerne la clarté et la cohérence de la vision mais aussi en ce qui a trait à ses impacts pour l'univers politique et les gens de pouvoir que le manager orienté puissance rencontrera tant au sein de son organisation que dans l'environnement de cette dernière.

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